Sophie laissa Regina lui adresser un léger sourire, elle semblait tout gérer, comme si tout cela avait été prévu à l'avance, ou du moins c'était l'impression qu'elle donnait. Elle ne répondit pas à la question de la Sorcière, pas maintenant. Elle se contenta d'ouvrir la portière du côté passager, chose qui étonna légèrement Sophie. Elle n'avait pas l'habitude qu'une femme lui ouvre la porte ainsi. Elle ne sut exactement quelle répercussion cet acte pouvait avoir sur elle mais s'installa tranquillement en adressant un remerciement invisible au Maire.

Celle-ci claqua la portière, fit le tour du véhicule et s'installa côté conducteur. Elle était d'une aisance incroyable. Sophie n'aimait pas conduire, elle n'en avait jamais trouvé l'utilité, elle ne se souvenait même pas avoir appris. Regina semblait tout à fait dans son élément. Alors elle eut un léger sourire.

" Cela vous étonne que je conduise un tel engin ? Je pense que vous seriez surprise de savoir tout ce dont je suis capable miss McAllister... " elle lui adressa avec un sourire ravageur. Tellement ravageur que Sophie lui répondit naturellement. Regina était une très belle femme, Sophie ne s'en sentait que plus intimidée.

" Sachez que je vous invite à dîner... Chez moi. Je vous raccompagnerai, bien entendu, après le dîner, n'ayez crainte... J'espère que vous aimez les lasagnes ? "

Elle démarra et le trajet débuta tranquillement. Sophie trouva l'idée du dîner très plaisante, elle avait bien fait de s'habiller ainsi. Elle avait surtout bien fait d'accepter ce rendez-vous. Après tout, elle ne connaissait rien de Regina, pas même où celle-ci habitait. Cela serait une bonne façon de "nouer" des liens avec sa nouvelle alliée. Ce serait aussi un bon moyen de découvrir quelques unes de ses faiblesses...

" Oui, j'aime les lasagnes. " elle lui intima en souriant. " J'apprécie même beaucoup. "

Elle lui adressa un sourire.

" Vous savez, si j'avais été un homme, pour m'inviter chez vous ainsi, j'aurais pensé que vous me faisiez des avances, Madame Mills. "

Le visage de Regina se tourna vers elle. Sophie venait de renverser la situation en son avantage, mais ignorait à quel point elle pouvait prendre des risques. En réalité, elle ignorait les risques, elle ignorait la peur puisqu'elle ne la ressentait pas de la même manière que les gens possédant un coeur. Sophie ne savait même pas si sa phrase ressemblait plus à de l'humour qu'à une recherche d'informations. En fait, non, peut-être était-ce même juste pour faire la conversation.

Regina enleva son manteau avec délicatesse, geste que Sophie apprécia. Peu de femmes avaient encore une certaine attention à ce genre de choses. Puis la Reine lui intima de s'installer avant de filer à travers la maison. La Sorcière se retrouva donc seule, au milieu d'une maison qui lui était totalement inconnue. Elle marcha à travers la pièce, tranquillement, regardant les moindres détails de ce nouvel environnement. Tout serait information quant à sa nouvelle patronne. A chaque fois qu'elle passait devant un miroir, elle remettait en place ses vêtements, tout devait être parfait sur elle.

En attendant Regina - bien que ce fut un moment assez court, Sophie pensa à diverses choses qu'elle savait d'elle. Elle vit plusieurs photographies d'Henry, son fils adoptif, dont beaucoup de monde avait parlé récemment. Sophie entendait surtout les rumeurs, en passant du temps dans les rues de Storybrooke, mais ne prenait jamais part à aucune conversation ni aucune action. Elle n'était alors qu'un simple décor, un personnage inerte et inintéressant de la ville.

Mais tout était sur le point de changer. Elle avait décidé de tout chambouler. Ici, elle avait les moyens de retrouver un semblant de dignité, et mieux encore, de pouvoir. Regina ne serait rien de plus qu'un pion dans un immense jeu d'échec où elle reprendrait possession. Cependant, en y réfléchissant bien... Le Maire se pouvait bien être plutôt la Reine, car elle serait plus puissante que n'importe quel pion... Sophie ne voyait que méchanceté et, pour son propre intérêt, ne voyait en Regina qu'une façon de plus de parvenir à ses fins.

Elle se stoppa devant la fenêtre. Bien des fois depuis que la Malédiction avait été brisée, elle avait repensé à ce qu'elle désirait réellement. Le pouvoir ? La vengeance ? Elle avait songé à trouver un moyen de guérir sa propre Malédiction, mais elle avait chassé cette pensée aussi rapidement qu'elle était venue. Elle entendit les talons de Regina revenir dans sa direction, bientôt celle-ci apparue, une bouteille et deux verres à la main. Sophie ne se retourna cependant pas, comme si cela ne paraissait guère nécessaire.

" Un peu de cidre Sophie ? " la Reine se permit de murmurer en arrivant derrière elle.

Aussitôt, Sophie se retourna, faisant preuve de toute sa grâce. Elle observa Regina avec un léger sourire et attrapa l'une des coupes, tout en la fixant das les yeux. La Sorcière ne baissait jamais le regard, jamais.

" Oui, avec plaisir. " elle répondit naturellement.

Regina lui adressa un sourire satisfait et versa tranquillement le liquide dans les deux coupes. Elle déposa ensuite la bouteille sur un buffet, revint à sa position de départ. Toutes deux se regardèrent dans les yeux. Chacune avait certainement l'impression d'avoir emprise sur l'autre. Mais peut-être Sophie avait-elle un avantage... Car Regina ignorait qui elle était réellement. Peut-être la prenait-elle pour une vagabonde du Monde Enchanté, ou pire encore, pour une douce Princesse.

" A notre... contrat de travail, j'imagine ? " Sophie émit un léger rire, capable de faire chavirer n'importe qui, puis, amusée, porta son verre en direction de celui-ci de Regina.

La soirée ne faisait que commencer...

" Je vois... Je comprends quelque peu votre situation... Maintenant, une autre question se pose : que cherchez-vous auprès de moi ? "

Regina posait là une question qui soulevait bien des réponses. Sophie aurait très bien pu lui avouer ses véritables intentions comme les plus grands mensonges. Après tout, elle n'avait aucun compte à rendre à la Reine. Quoiqu'il en soit, elle devait répondre, et elle le pouvait. Regina venait de croiser les jambes. Son regard perçant se posa sur Sophie, d'une manière intéressée, curieuse.

Et puis, elle se mordilla la lèvre inférieure, chose que la Sorcière vit instantanément. Ce geste fit comme... tressaillir la jolie brune. Elle était particulièrement attentive à ce genre de détail, détail qui trahissait facilement les émotions. Sophie se fit peut-être des idées trop hâtives, mais ce qui lui traversa l'esprit fut chassé bien vite.

Alors la jeune femme se pencha vers la Reine, avec un sourire qui en disait certainement long. Elle pencha doucement son visage.

" Je croyais la réponse évidente. " elle lui intima d'une voix suave. " Je suis la Méchante Sorcière de l'Ouest. Je ne puis me permettre de côtoyer de... gentils citoyens. "

Elle cligna des paupières, doucement, s'esclaffant légèrement.

" Je choisis moi-même qui je souhaite voir au quotidien. Amis comme amants. Il me semble que vous êtes une personne fascinante et puissante... "

Puis elle fixa la Reine au fond des yeux, comme si ces dernières phrases restaient les plus importantes.

Lorsque Regina invita Sophie à s'asseoir, celle-ci ne fit aucune objection et s'installa. Droite, belle, gracieuse, elle y veillait. Puis la maîtresse de maison s'absenta quelques instants pour se diriger vers sa cuisine. La Sorcière resta donc seule un moment. Moment où elle pensa à l'échange qu'elles avaient eu précédemment. Cette soirée semblait prendre un tournant peu commun... Une première pour Sophie, qui n'avait jamais provoqué quelqu'un de si puissant.

La Sorcière jouait avec le feu, elle savait que Regina n'était pas totalement insensible à cela, elle l'avait bien remarqué et cela s'était confirmé. En à peine une journée, elle était parvenue à attiser la curiosité de la Reine, cela ne lui déplaisait aucunement, au contraire. C'était son but. Elle-même commençait à apprécier ce petit jeu. Mais elle savait que viendrait le temps où la Reine prendrait le dessus sur elle. Et elle la laisserait faire, car toute personne puissante exige le pouvoir, ne serait-ce qu'un moment.

Et puis Sophie savait qu'elle avait une chance de perdre. Elle n'était pas seule, dans cette situation. Et elle ne jouait pas avec n'importe qui. Ni avec n'importe quoi. Le désir, la curiosité, deux sentiments très complexes à manipuler. Et bien que Sophie était experte en la matière, il lui arrivait de perdre, même l'espace d'une seconde, le contrôle. Elle apprécierait peut-être que Regina se permette ce genre de choses, après tout...

Elle n'eut pas le temps de suivre le fil de ses pensées, Regina revint avec deux plats soigneusement préparés. Elle les déposa sur la table, Sophie ne les regardait nullement, elle fixait Regina.

" Le dîner est servi Miss McAllister. " elle se pencha ensuite au-dessus e la table pour saisir l'assiette de Sophie.

Ce fut à cet instant précis que la Sorcière entrevit un peu plus de l'intimité de Regina : son soutien-gorge pourpre, en dentelles. Sophie se rendit vite compte qu'elle ne fixait que cela en cet instant précis. Elle se surprit même à en imaginer plus. Elle chassa vite cette pensée alors que Regina se relevait. Mais elle sentait toujours ce désir passager qui l'avait traversé. Que lui prenait-elle ? Elle n'avait pas ressenti ce genre de choses depuis le début de sa Malédiction... Elle ne comprenait pas.

Sophie n'avait jamais été attirée par une femme. Jamais. Regina était la première à lui faire tant d'effet. Le jeu instauré commençait à prendre de la proportion, même sur elle. La Reine était une femme magnifique, ce fut à cet instant que Sophie le constata encore plus qu'auparavant. Elle la désirait. Ce désir était minime, actuellement, mais elle savait que si la brune venait à réitérer ces rapprochements, il serait plus grand, plus incontrôlable.

" Bon appétit... " elle murmura, sortant une fois de plus Sophie de sa torpeur.

A cet instant précis, Sophie ne sut pas réellement quoi faire. Elle aurait voulu terminer ce dîner aussi vite qu'il avait commencé, pour jouer de nouveau. Car elle aimait cela, à un point qui lui échappait. A croire que la Malédiction n'avait pas touché que son coeur, mais aussi ses instincts les plus primaires. Depuis trop longtemps Sophie n'avait pas eu de rapports sociaux. Et aujourd'hui, elle en avait avec une femme qui jouait autant qu'elle-même. Autant dire que la partie était loin d'être finie.

" A vous aussi. "

Elles dégustèrent, donc, le repas de Regina. Sophie ne se retint pas de la complimenter, d'ailleurs, elle n'avait pas mangé de lasagnes aussi délicieux depuis très longtemps. Elles parlèrent des habitants importants de la ville, avec lesquels Sophie aurait l'occasion de rentrer en contact. Elles discutèrent des différents lieux de la ville, notamment ceux où Sophie n'était pas allée depuis longtemps. Puis elles échangèrent sur les affaires importantes en cours, des horaires, des détails, bref, d'à peu près tout.

Durant toute cette première partie du repas, Regina et Sophie se décontractèrent, elles quittèrent leur jeu un moment pour y revenir de temps à autre. Quelque fois, Sophie observait fixement Regina, la dévorant du regard sans le lui faire réellement comprendre. Leurs regards se croisèrent quelques fois, elles s'adressaient des sourires significatifs, du moins pour chacune. Sophie lui glissa quelques mots ambiguës mais n'alla guère plus loin. Elle souhaitait mettre en place le jeu sans aller trop vite.

" Vos lasagnes sont vraiment délicieux. " elle la complimenta en terminant son assiette. " Je crois qu'il serrait peut-être temps de passer au... dessert ? " elle lui déclara, les yeux dans les yeux, Regina comprit certainement le message.

Alors que la Reine se levait pour débarrasser les assiettes, la belle brune se leva à son tour pour l'aider. Elle n'y tenait plus, elle avait besoin de continuer ce jeu. C'était viscéral. Elle aimait trop le pouvoir et la conquête. Cette Malédiction la rendait folle. Elle suivit Regina dans la cuisine et déposa la vaisselle avant d'observer la Reine sortir le dessert. Le désir l'avait si longtemps quitté qu'elle ne savait plus le gérer ni le contenir. Et Regina dut certainement le remarquer lorsqu'elle releva les yeux pour l'observer un moment.

Regina sembla légèrement déstabilisée face au regard félinaire que lui lançait Sophie. Celle-ci ne savait réellement comment se tenir, si elle devait dès à présent mettre fin à son désir ou si, justement, elle devait le faire taire... De toute évidence, quoiqu'elle fasse, elle ne parvenait pas à le contenir, ni même à le comprendre totalement. Ce sentiment la perturbait réellement, elle qui n'avait pas connu l'attirance depuis tant d'années... Il y en avait eu, à Oz, mais depuis 28 ans déjà, plus rien n'avait troublé la divine Sophie.

" Je suis navrée miss McAllister, nous devrons attendre qu'elle refroidisse avant d'y... Goûter. " Regina venait de sortir une tarte du four, celle-ci semblait brûlante en effet, mais Sophie ne craignait pas la chaleur. Elle s'abstint d'en parler.

En entendant la prononciation du mot "goûter", ses doigts semblèrent vouloir s'enfoncer dans le plan de travail auquel elle était accoudée. Elle se pinça doucement la lèvre, geste imperceptible mais bien là. Le sourire que lui offrit Regina eut le don de faire évanouir le reste des pensées qui la tourmentaient. Désir, désir, elle n'était que cela. Etrange désir, cependant, car minime mais grandissant.

Le regard de Regina semblait figer sur Sophie. Celle-ci ne pouvait bouger sans être observée, trahie. Elle se sentait doucettement piégée. La proximité qu'elle partageait actuellement avec Regina suffit à faire augmenter la chaleur de son corps d'un cran, sans même qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit.

" Puis-je vous servir quelque chose en attendant ? Café, The ou... Autre ? " elle demanda, la sortant de sa torpeur une énième fois.

Sophie dut avaler sa salive, sentant que la tension montait. Cette question levait bien des réponses, l'une d'elles bien évidente mais que Sophie ne pouvait exprimer par des mots. Elle ne pouvait que le prouver par des gestes, par des actes. Tous ses muscles semblèrent se contracter à l'idée qui lui vint. Son sourire s'évapora, laissant place au visage du désir. Ses yeux auraient pu transpercer Regina de part en part.

Ses épaules se soulevèrent doucement, son buste avança doucement et elle se rapprocha de l'Ancienne Reine avec une aisance incroyable. Elle savait ce qu'elle souhaitait. Elle le voulait. Elle approcha son visage de celui de la jeune femme. Poursuivant son chemin vers elle, Regina ne bougeait pas, elle restait droite, comme si elle s'attendait à la chose ou bien, justement, qu'elle ne savait gérer la situation.

Avant de pouvoir faire quoique ce soit, sa tête se faufila le long de la joue de la brune. Elle approcha ses lèvres de son oreille. Elle pouvait sentir son parfum envahissant. Elle pouvait la toucher avec aisance et facilité. De la voix la plus suave qu'il fut, et dans un murmure, elle lui déclara :

" Il y a bien des choses que vous pourriez me servir Regina... " elle employait son prénom, affirmant ses paroles, sa détermination. " Mais je pourrais me contenter d'un café noir pour le moment... "

Puis, dans un mouvement elle frôla la joue de la brune pour se relever et lui faire face, le visage toujours désireux mais peint d'un sourire triomphant.

Pendant un instant, un silence, un silence révélateur de tout ce qu'il pouvait se tramer dans son être, et dans le sien. Regina ne bougeait pas d'un cil, contenant les émotions qui pouvaient peut-être la trahir. Sophie savait que l'Ancienne Reine demeurait un être humain, doué de toutes sortes de sentiments. Et elle devait en avoir, aux tréfonds de ses yeux. Mais bien que Sophie tenta de les identifier, elle n'y parvint que trop peu, faute d'avoir ressenti quelque chose ces dernières décennies.

Sentiments, émotions... Trop lointains ils se trouvaient. 28 ans passés à parcourir Storybrooke sans ressentir le moindre besoin de compagnie, aucun désir, aucune passion, aucune solitude, aucune peur, rien de plus qu'un vide incessant. Avant ? Des décennies emplies essentiellement de colère, l'un des seuls ressentis pouvant lui traverser l'esprit. La colère, l'envie, la vengeance, pas le moindre bien. Seulement, aujourd'hui, enfin, elle ressentait quelque chose. Le désir. Si puissant. Si présent. Si pesant. Et qui désirait-elle ? Regina.

" Un café noir Miss McAllister ? Vraiment ? Vous avez l'air d'aimer ce qui est corsé... "

Elle sourit, tranquillement. Oui, elle aimait ça. Jouer avec le feu, le feu qu'elle ressentait actuellement, remuer le désir en elle jusqu'à se brûler. Elle aimait prendre des risques, par-dessus tout, ressentir l'adrénaline lui entamer la chair. Elle aimait tellement... Elle s'assit tranquillement lorsque Regina lui tendit son café.

" Dites-moi... Pourquoi avoir postulé ? Je veux dire... Réellement ? Pourquoi avez-vous décidé de travailler avec moi... Avec la Méchante Sorcière ? Vous savez qui je suis, vous ne souhaitez pas cotoyer de gentils citoyens... Mais encore ? Je pense que nous savons toutes les deux qu'il y a autre chose... "

Sophie porta la tasse à ses lèvres, observant pleinement le Maire, à présent assise près d'elle. Evidemment qu'il existait d'autres raisons à sa venue vers elle. Evidemment que Regina le savait. Evidemment qu'elle ressentait ce même désir, cette même tension sexuelle qui existait entre elles. Tout était évident : elle n'était absolument pas dénuée d'intelligence, au contraire. Regina devait être l'une des alliées les plus précieuses qu'elle aurait pu avoir, autrefois. A présent, il lui fallait des preuves. Il lui fallait savoir si elles pourraient compter l'une sur l'autre.

Car Regina avait changé depuis son arrivée ici. Sophie avait eu vent de ce qu'elle était dans le Monde Enchanté et des événements récents. La Méchante Reine n'avait pas totalement disparue, elle le savait. Elle faisait partie de cette femme, elle serait toujours présente, même de façon minime. On ne pouvait se débarrasser de son passé. Le renier, peut-être, mais pas le faire disparaître. Ce qui mettait le plus en péril le plan de Sophie étaient certainement les sentiments de Regina. Elle ressentait. Elle aimait. Elle avait Henry, une raison de vivre. Sophie en avait-elle, elle ?

" Je veux retrouver un semblant de dignité. " elle s'entendit dire, tranquillement, en reposant la tasse devant elle. " Je veux prouver que, même si j'ai été bannie et vaincue, je suis encore apte à réussir quelque chose. Que malgré le fait que je ne ressente absolument rien, je puisse encore me battre pour quelque chose. "

A cet instant, l'évidence la frappa. Etait-elle réellement entrain de se confier ? Certainement. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas fait cela, si bien qu'elle crut bon de retenir le reste de ses paroles trop sincères. Elle ne baissa cependant pas les yeux, évitant de se trahir le plus possible. Mais Regina l'observait encore, sans piper mot.

" Et... Nous avons vous et moi ressentis ce qu'il se passait entre nous. " elle lâcha, enfin, la fixant très sérieusement, une lueur de désir dans les yeux.

" Voilà au moins une qualité que je ne peux vous enlever Miss McAllister, vous êtes perspicace. Peut-être trop, je ne sais pas... "

La perspicacité... Sophie la possédait. Elle l'avait forgée au fur et à mesure du temps. Pourquoi se bercer d'illusions de toute évidence ? Pourquoi mentir, dans quelques situations ressemblant à celle-ci ? Sophie était une menteuse, une manipulatrice, un démon, peut-être. Mais aujourd'hui, les mensonges s'estompaient. En présence de cette femme, quelque chose naissait en elle. Quelque chose qu'elle n'avait pas vécu depuis des décennies.

" Je serais ravie, en tout cas... d'être votre... partenaire. "

Elle tendit la main vers elle. Partenaire... Partenaires... Que signifiait cela, exactement ? Sophie ne savait réellement ce qu'il en était. Avoir une alliée de cette prestance lui serait des plus utiles. Avoir une "amie" le serait encore davantage. Mais Sophie ne ressentait rien. Elle ne pouvait se lier à Regina. Elle ne le devait pas non plus. Aucune faiblesse. Aucune faille. Pour aucune blessure.

Elle mentait. Elle était manipulatrice. Elle était mauvaise. Tous ces éléments menaient au fait qu'elle mentait en permanence. Sa carapace ne devait pas se briser. Elle ne le permettrait pas. Mais comment avoir un partenaire si tout n'est qu'un mensonge ? Si aucune confiance n'y est inscrite ? Si rien ne s'y trouve. Si cette relation est vide de sens... Pourquoi s'appeler partenaires ?

Sophie devait accorder quelque chose qu'elle-même ignorait. Elle devait donner sa "confiance", elle devait approuver leur alliance. Elle devait simplement serrer la main de Regina. Mais elle savait que cela mènerait à un futur qu'elle ne pourrait totalement contrôler. Et qu'elle devrait un jour se révéler, elle et son démon. L'Ancienne Reine serait-elle apte à y faire face ?

Elle tendit la main, lui offrant un sourire franc, et empoigna la sienne. L'électrochoc lui traversa l'échine. Depuis combien de temps n'avait-elle pas toucher quelqu'un ? Depuis combien de temps n'avait pas offert un semblant de relation à quiconque ? En la fixant dans les yeux, elle sut qu'en elle aussi se passait quelque chose. Mais quoi ?
Un moment de déstabilisation, puis son naturel masque se réajusta sur son visage.

" Partenaire, oui. " elle la fixa d'un regard si expressif qu'elle s'en fit elle-même la remarque.

Elle ne lâcha pas pour autant la main de Regina, attendant qu'elle-même décide de mettre fin à l'échange, échange qui générait en elle une étrange chaleur...