Je m'appelle Catherine. Mes amis ne me surnomment pas. Pourquoi? Tout simplement parce que je n'ai pas d'amis. Malgré tout, j'ai pour fidèles compagnons deux murènes répondant aux doux noms de Flotsam et Jetsam. Je suis née il y a bien trop longtemps, aux plus profond des abysses, là où l'obscurité fait les eaux opaques. Mon âge? Dites-donc vous! Votre maman ne vous a jamais appris qu'il était mal poli de demander l'âge d'une femme? Côté cœur, je suis un cœur solitaire, - je ne m'attache pas, ou du moins je ne m'attache plus - sachant que je prends tout ce qui a une queue ou des jambes. Je descends du célèbre Conte ; La Petite Sirène, et je suis Ursula. D'ailleurs, je fais partie des méchants. Cependant, on me confond souvent avec Héléna Bonham Carter.

Baudelaire demandait à son lecteur s’il connaissait la haine. « Les poings crispés dans l’ombre, quand la vengeance bat son infernal rappel, et de nos facultés se fait le capitaine. » Et vous, connaissez-vous la haine ?...

L’amour. On ne se méfie jamais assez de l’amour. On ne met jamais assez en garde contre l’amour. L’amour n’obéit à aucune règle. L’amour est un tyran qui n’épargne personne. L’amour nous détruit, il hante nos rêves, ronge nos jours. L’amour a tué plus de personnes que n’importe quelle maladie. Vous connaissez le dicton qui dit qu’on ne nait pas mauvais mais qu’on le devient ? Et bien ce sont les autres qui ont fait d’Ursula ce qu’elle est désormais.

Petite pieuvre au cœur tendre, Ursula avait, dans sa prime jeunesse, un charme qu’elle savait certain et une âme d’enfant qu’elle voulait à tout prix préserver. Elle posait chaque fois un regard neuf sur tout ce qui l’entourait. Elle s’émerveillait des choses les plus simples. Sa plus grande peur était de vieillir en devant une personne aigrie et amer. Mais le temps semblait avoir rentré ses griffes et glisser sur elle sans l’abîmer ni l’écailler.

Et puis, un beau jour, elle rencontra l’amour. L’amour avec un grand A. Enfin... c’est ce qu’elle croyait.  C’était un homme, un marin, il était beau comme un dieu. En ce temps là l’amour entre une créature des mers et un humain n’était pas vu d’un très bon œil, mais elle n’en avait que faire. Ils s’aimèrent donc, clandestins parfois, comme deux amants en fuite, ils bravaient le danger, dépassaient les limites. Ils étaient déraisonnables mais ils étaient jeunes. Ils avaient pour eux la fougue et la passion des premiers sentiments amoureux. Et le bonheur s’installa. Ursula s’y habitua. Mais il ne faut jamais s’habituer au bonheur.
Les marins sont connus pour être des hommes à femmes et Ursula surprit un jour le sien dans les bras d’une sirène. Je pourrais alors vous dire que son cœur s’est brisé mais il n’en est rien. Au contraire, il s’est durci, cristallisé. Il est devenu une sorte de pierre noire, brillante, aux reflets pourpres et aux bords tranchants. Elle n’a pas attendu d’entendre quelques justifications que ce soit. A ses yeux, il n’avait aucune excuse. Elle est partie, avec dans le cœur plus de rancœur qu’il n’en faut pour haïr jusqu’à sa dernière heure.

Animée par une vengeance qui ne demandait qu’à être assouvie, elle commença à exploiter la magie qu’elle savait en elle et que, jusque là, elle avait toujours refusé de laisser s’exprimer. La violence de ses sentiments alliée à la puissance de ces pouvoirs retenus depuis tant d’années firent des ravages. Ursula comprit alors qu’elle pouvait faire plier tout l’océan sous le poids de sa volonté. Elle pouvait tous les contrôler et une affreuse idée germa dans sa tête. Elle partit à la recherche de pauvres sirènes en mal d’affection et leur promis le grand amour. En échange, il leur suffisait de la suivre. Une fois qu’elle eut recruté assez de sirènes, Ursula érigea sa propre maison close. Poussant la manipulation à son paroxysme, elle tirait profit de tout et dirigeait chaque chose d’une main de fer. Une main de fer dans un gant de soie. La Marquise de Merteuil elle-même en aurait été jalouse. En donnant des jambes à certaines de ses sirènes, elle espérait que celles-ci tombent amoureuses et aient le cœur brisé. Mais contrairement à ses attentes, certaines d’entre elles prirent plaisir à séduire les hommes avant de leur briser elles-mêmes le cœur. A ces sirènes, qui avaient accepté de se joindre à sa cause, Ursula rendit leurs âmes et s’en fit de puissantes et redoutables alliées. En ce qui concerne les autres, elles ne reverraient certainement jamais les leurs. Ursula se nourrissait de ses pauvres âmes en perdition.

Mais la malédiction arriva et s’abattit sur Ursula qui ne put y échapper à temps. Elle perdit la mémoire et ne fut plus que Catherine B.  Parker, vulgaire gérante d’une boutique de livres à Storybrooke. Une fois ses souvenirs retrouvés, elle jura de se venger de celle à cause de qui elle avait tout perdu, celle qui lui avait tout pris. L’Evil Queen allait devoir payer.

« Là où vous avez tort, c’est de croire que le mal est facilement reconnaissable. Il arrive qu’il soit juste en face de nous et qu’on ne s’en rende même pas compte. »